UN MUSICIEN FRANÇAIS A LA RENCONTRE DES MUSICIENS ET DES MUSIQUES DE TAIWAN
Arnaud Lechat, chanteur, compositeur, multi instrumentiste et auteur de films documentaires part pour Radio Taïwan International, à la rencontre des musiciens et des musiques de Taïwan. Des derniers Nakashis aux joueurs de bombardes en passant par les musiciens des morts, des chanteurs d’opéra traditionnel aux voix hakkas et aborigènes, le champs d’investigation s’annonce immense…
Cette semaine nous retrouvons
Pau-dull le policier chanteur aborigène de la tribu Puyuma dans une petite île
perdue du Pacifique et bien sûr les guitares fait parti du voyage.
Je
te remercie mille fois Pau-dull, merci de m’avoir reçu et je te rends à ta
sérénité, troublée par mon arrivée.
Pour moi, cette émission a
été la plus personnelle, la plus chargée en émotion. J’ai attendu 14 ans avant
de pouvoir rencontrer Pau-dull. C’était ma démarche personnelle, à Taïwan, tout
vient à point à qui sait attendre.
Je dois déjà repartir vers
Taïwan, les impressions laissées par Pau-dull et le son des vagues sur les
galets de cette île du pacifique s’éloignent déjà, comme un mirage.
Bonjour à tous. Bienvenus dans votre émission hebdomadaire
« Désorientales » sur les musiques et les musiciens de Taïwan en
compagnie d’Arnaud Lechat. Cette semaine nous retrouvons Paudull le policier
chanteur aborigène de la tribu Puyuma dans une petite île perdue du Pacifique. Les guitares font partie du voyage !
Pour aller là où je vais, il
me faut prendre un premier avion ou faire 6 heures de train puis prendre le
bateau ou encore un deuxième petit avion à hélice qui se pose, s’il n’y a pas
de vent, sur une île perdue du Pacifique au large de Taïwan.
Pendant tout ce voyage, je
pense à la personne que je vais rencontrer. Ce n’est pas une star, une vedette,
un artiste professionnel, non. Il s’appelle Paudull, il est aborigène de la
tribu des Puyumas. Il est fonctionnaire, il est policier sur cette petite île
dont j’aperçois les hautes montagnes surplombant la mer d’un bleu intense.
Ca fait 14 ans que j’attends
ce moment-là, depuis le moment où j’ai écouté pour la première fois le CD de
Pau-dull qui s’appelle « Océan ». Ce fut pour moi un choc musical.
Pau-dull est peut-être policier mais il chante aussi et ses chansons pleines de
sincérité et de naturel m’ont plongé dans une autre culture que je ne
connaissais pas, la culture des aborigènes de Taïwan.
J’avais par le passé essayé
de rencontrer Pau-dull mais à l’instant où j’arrivai, il venait de repartir à
Taiwan. Le moment n’était certainement pas le bon mais cette fois, je sais
qu’il m’attend et ce n’est pas sans une certaine émotion que je me dirige vers
lui, 14 ans que j’attends.
Lhundup Tsering, l'histoire d'un exil 3 西藏歌手龍珠, 一個流亡難民的故事 3
Cette semaine nous retrouvons pour la dernière fois le
chanteur tibétain Lhundup Tsering avec lequel nous aurons plaisir à parler de
liberté, de Dalaï lama, de tradition.
Je voudrais le remercier énormément pour sa gentillesse et
son humilité, pour nous avoir fait découvrir cette musique envoûtante.
Les chansons de Lhundup Tsering m’avaient surpris par la
langue qui porte loin et par leur force musicale, force musicale portée par une
voix, une voix qui affronta beaucoup d’épreuves, de souffrances. Une voix qui
vint à bout de tous les sacrifices grâce à l’innocence, au cœur et au courage
de la jeunesse, à la foi en un avenir meilleur.
La force musicale des chansons de Lhundup Tsering tient aussi
à leur légitimité ancrée dans la puissance de la tradition.
On n’est plus dans l’appellation fourre-tout et vide de sens
de ce qu’on appelle « world music » ou néo-new-age ou ce que vous
voulez. Lhundup ne joue pas à faire semblant, il est.
Lhundup ne joue pas à faire jouer son égo de vedette en
compositions stériles du toujours plus et du toujours différent de l’immature
productivité musicale, non, Lhundup regarde ses compositions comme des
prolongements de ses émotions sans y accorder plus d’importance qu’elles ne
méritent.
Lhundup se tourne vers la force de la tradition musicale,
religieuse, culturelle ancrée comme une protection, pour ne pas se perdre,
comme un refuge pour sauver son identité en péril dans son propre pays mais
aussi pour s’éduquer, pour se grandir soi-même.
La tradition est le lien qui rappelle nos origines quand
nous sommes loin de chez nous, elle nous apaise quand le pays et notre famille
nous manquent, la tradition est notre force pour lutter contre la nostalgie
dévorante.
La tradition est la
dernière arme qui nous reste contre l’oubli, pour ne pas oublier qui l’on est,
d’où l’on vient et pouvoir partager en harmonie avec l’autre le chemin qui s’ouvre
devant soi.